Manger lentement pourrait contribuer à réduire le risque d’obésité, souligne à nouveau cette étude japonaise qui constate, dans le BMJ Open que les personnes qui mangent lentement ou à une vitesse normale sont bien moins susceptibles d'être en surpoids ou obèses. Cette large étude de suivi sur 6 ans, portant sur près de 60.000 participants atteints de diabète de type 2 estime que manger lentement est associé à un risque réduit de plus de 40% d’obésité.
De précédentes études ont déjà suggéré le lien tout simple entre une alimentation plus lente et un apport alimentaire moindre, et cela en raison d’une bonne prise en compte alors de l’organisme des changements hormonaux qui signalent « la satiété ». Cette analyse des données « alimentaires » de Japonais atteints de diabète de type 2 visait à identifier les comportements alimentaires qui peuvent affecter la prise de poids et l'obésité. Au-delà de ses résultats sur l’association entre la vitesse de l’alimentation et la prise de poids, l’étude constate que très peu de personnes modifient leur vitesse d'alimentation ici sur les 6 années de suivi, mais très probablement à vie : ainsi, seuls 0,29% des mangeurs rapides sont passées d'une alimentation rapide au début de l'étude à une alimentation plus lente à la fin. Cela suggère que la vitesse de l’alimentation est un facteur certes modifiable mais plutôt difficilement.
Ici, les chercheurs de l'Université de Kyushu ont concentré leur analyse sur 59.717 personnes âgées de plus de 40 ans et atteintes de diabète de type 2, dont l'obésité est un facteur de risque reconnu. Lors des bilans de santé, les participants ont renseigné leurs comportements alimentaires, dont le rythme de l’alimentation, sa régularité, l’alimentation proche du coucher, la prise d’un petit-déjeuner etc… Leur indice de masse corporelle (IMC) et leur taille ont été pris en compte pour déterminer l’existence d’une obésité. Enfin l’équipe a pris en compte les facteurs de confusion possibles dont l’âge, les traitements, l’IMC bien sûr, l’évolution de l’obésité.
Les associations entre vitesse d’alimentation et obésité sont flagrantes :
- 44,8% des participants qui mangent rapidement sont obèses ;
- 29,6% qui mangent à vitesse normale sont obèses ;
- 21,5% qui mangent lentement sont obèses
D’autres associations de comportements sont également identifiées :
- Les « mangeurs rapides » sont également plus susceptibles de dîner dans les 2 heures précédant le coucher : or, a contrario, les personnes qui ne prennent pas de collations après le dîner ou juste avant de se coucher, ont un risque réduit de 15% d’obésité.
- Les personnes qui ne sautent pas (régulièrement) le petit-déjeuner ont un risque réduit de 8% d’être obèses.
Vitesse d’alimentation et risque d’obésité : à la fin de l'étude, après suivi de 6 ans :
- les mangeurs à vitesse normale présentent un risque réduit de 29% d’obésité ;
- les mangeurs lents, un risque réduit de 42% d’obésité.
En conclusion, si l’on ne peut assurer que ralentir le rythme de l’alimentation va permettre une perte de poids, il est très probable que la vitesse du repas « compte » dans le maintien d’un poids de santé. Mais d’autres comportements également, comme un dîner ou une collation juste avant le coucher.
On comprend à travers cette étude à quel point l’alimentation est un facteur de mode de vie complexe qui dépend certes des aliments consommés, de l’apport calorique mais également de l’heure et la manière.
Source : BMJ Open February 12 2018 DOI: 10.1136/bmjopen-2017-019589 Effects of changes in eating speed on obesity in patients with diabetes: a secondary analysis of longitudinal health check-up data
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