Cette étude menée sur près de 300 000 participants remet clairement en question le « paradoxe de l'obésité » ou l’idée que l’obésité pourrait, dans certains cas, être un facteur de protection contre le risque cardiaque. Ses résultats, présentés dans l’European Heart Journal, réfutent totalement cette hypothèse et confirment une relation dose-dépendante au-delà d’un IMC >22 entre l’IMC et le risque « cardiaque ».
Ainsi, jusqu’ici, il existait l’idée reçue qu'il est possible d'être en surpoids ou obèse mais sans être à risque accru de maladie cardiaque. Ce paradoxe de l'obésité a déj été soutenu par plusieurs études, en particulier une méta-analyse de 40 études portant, au total sur plus de 250.000 patients, publiée dans le Lancet en 2006, qui montre des patients atteints de maladie coronarienne avec un IMC faible présentent un risque relatif accru de mortalité cardiovasculaire et toute cause confondues, vs des sujets en surpoids avec IMC de 25 à 29,9 kg / m2…Cette hypothèse est totalement réfutée par cette étude.
La recherche montre précisément que le risque de problèmes cardiaques et vasculaires, tels que les crises cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux et l'hypertension artérielle, augmente significativement lorsque l'indice de masse corporelle (IMC) augmente au-delà d'un IMC de 22-23 kg / m2. En outre, ce risque augmente également régulièrement avec le tour de taille du patient. L’étude est menée auprès de 296.535 adultes d'origine européenne participant à l'étude britannique Biobank, en bonne santé au moment de l’inclusion à l'étude. L’équipe de l’Université de Glasgow qui a rapproché les données d’IMC et d’incidence de troubles et d’événements cardiovasculaires constate que :
- les patients présentant un IMC entre 22 et 23 kg / m2 présentent le risque cardiovasculaire le plus faible ;
- en cas d’IMC > à 22 kg / m2,et pour chaque augmentation de 5,2 kg / m2 chez les femmes et de 4,3 kg / m2 chez les hommes, le risque de maladie cardiovasculaire (MCV) augmente de 13% ;
- par rapport aux hommes et aux femmes ayant respectivement un tour de taille de 74 et 83 cm, pour chaque augmentation du tour de taille de 12,6 cm et 11,4 cm respectivement pour les femmes et les hommes, le risque de MCV augmente de 16% chez les femmes et de 10% chez les hommes ;
- des augmentations similaires du risque de MCV sont également observées lorsque les chercheurs prennent en compte les rapports taille-hanches et tour de taille-taille et le taux de masse grasse corporelle.
Le paradoxe de l’obésité doit être réfuté ! Ainsi, toute affirmation d'un effet protecteur possible des graisses sur le risque de maladie cardiaque et d'AVC doit être réfutée, concluent les auteurs. « C'est la plus large étude à apporter des preuves contre le paradoxe de l'obésité chez les personnes en bonne santé. L'histoire peut être différente seulement chez les patients ayant certaines maladies préexistantes.
Maintenir un IMC sain d'environ 22 à 23 kg / m2 permet de minimiser le risque de développer ou de mourir d'une maladie cardiaque. Certes, il peut être difficile pour certaines personnes de maintenir un IMC de 22 à 23 kg / m2, en particulier au cours du vieillissement. Mais, « quel que soit votre IMC, surtout en cas de surpoids ou d'obésité, un kilogramme (ou plus) en moins ne fera qu'améliorer votre santé :
il n'y a aucun inconvénient à perdre du poids intentionnellement ».
Source: European Heart Journal 16 March 2018 doi:10.1093/eurheartj/ehy057 The impact of confounding on the associations of different adiposity measures with the incidence of cardiovascular disease: a cohort study of 296 535 adults of white European descent
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