L’obésité représente un problème de santé publique majeur qui contribue de manière disproportionnée au développement de nombreuses comorbidités. Ici, il s'agit de l'asthme, de sa sévérité et d'une moindre réponse aux traitements. Cette étude du Rutgers Institute (New Jersey) suggère que l'asthme lié à obésité serait en plus de l'inflammation pulmonaire, lié au rétrécissement des voies aériennes. Des conclusions présentées dans l’American Journal of Physiology qui révèlent que l'obésité « imprime » sur les cellules musculaires lisses des voies respiratoires, une signature unique et identifiable qui pourrait conduire à de nouvelles approches ciblées.
La prévalence de l'asthme et de l'obésité, en tant que conditions distinctes et comorbidités, s'est considérablement accrue ces dernières années. On sait que l’obésité est un facteur de risque majeur d'asthme, en partie en raison de l'inflammation systémique et localisée des voies respiratoires chez les personnes ayant un indice de masse corporelle élevé. Les personnes atteintes d’obésité présentent un risque plus élevé d’asthme sévère, une diminution du contrôle de la maladie et de la réponse au traitement par corticoïdes. Cependant, de précédentes études suggèrent que certains patients obèses peuvent avoir un type d'asthme qui n'est pas causé par une inflammation des voies respiratoires, mais par une réponse hyper-réactive à un allergène du muscle lisse des voies respiratoires. L'hyperréactivité entraîne un rétrécissement des voies respiratoires, entrave la respiration et se caractérise par une contraction ou des spasmes des muscles respiratoires.
Une contraction musculaire des voies respiratoires plus importante chez les personnes obèses : cette recherche décrypte ce mécanisme spécifique de modification du fonctionnement des muscles des voies respiratoires qui augmente le risque d’asthme chez les personnes obèses. L'équipe a combiné des cellules musculaires lisses des voies aériennes humaines avec l'histamine, une substance chimique produite par le système immunitaire en réponse à un allergène, et le carbachol, un médicament qui stimule la partie du système nerveux qui contrôle les voies respiratoires. Stimuler les cellules des voies respiratoires avec ces substances amène les cellules à libérer du calcium, comme dans la contraction musculaire. Les chercheurs montrent que les cellules musculaires de donneurs obèses libèrent plus de calcium et se rétrécissent de manière plus importante que les cellules provenant de donneurs de poids normal. Cela suggère une contraction musculaire plus importante. De plus, les cellules de participantes obèses libèrent plus de calcium que les cellules provenant de donneurs obèses de sexe masculin.
L'obésité imprime sa signature sur les cellules musculaires lisses des voies respiratoires, un nouveau marqueur donc qui pourrait permettre de mieux diagnostiquer l’asthme chez les patients obèses et de développer des thérapies ciblées « contre » ce rétrécissement des voies respiratoires.
Source: American Journal of Physiology–Lung Cellular and Molecular Physiology 30 Aug 2018 DOI : 10.1152/ajplung.00459.2017 Obesity increases airway smooth muscle responses to contractile agonists
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