Dans quelques cas, l’obésité et la graisse corporelle ont un effet protecteur, ce sont des « paradoxes de l’obésité ». Cette équipe de cardiologues de l’Université de Californie – Los Angeles (UCLA) documente l’un de ces paradoxes : les femmes présentant des niveaux plus élevés de graisse corporelle sont, quelle que soit leur masse musculaire, mieux protégées contre le risque de décès de cause cardiaque que les femmes plus minces. L’étude, publiée dans le Journal of the American Heart Association (JAHA) rappelle aussi que, plus généralement, les hommes et les femmes qui ont une masse musculaire élevée ont un risque réduit de décès de maladie cardiaque.
Il s’agit d’une méta-analyse de données d'enquêtes américaines menées sur une période de 15 ans. Les chercheurs ont ainsi analysé les données d’un total de 11.463 participants, âgés de 20 ans et plus, répartis en 4 groupes de composition corporelle :
- faible masse musculaire et faible masse grasse corporelle,
- faible masse musculaire et masse grasse élevée,
- forte masse musculaire et faible masse grasse,
- forte masse musculaire et masse grasse élevée.
Les taux de mortalité liés aux maladies cardiaques ont ensuite été calculés pour chacun de ces groupes.
La masse musculaire, moins déterminante pour la santé cardiaque des femmes ?
L’analyse constate précisément que, chez les femmes :
- les décès liés aux maladies cardiaques chez les femmes ayant une masse musculaire élevée et une graisse corporelle élevée sont réduits jusqu’à 42% vs les femmes ayant une masse musculaire faible et peu de graisse corporelle ;
- mais, plus curieusement et c’est le « paradoxe », les femmes qui ont une masse musculaire élevée et une faible masse grasse corporelle ne semblent pas bénéficier du même avantage…
Et chez les hommes ? Chez les hommes, les résultats sont moins surprenants :
- une masse musculaire élevée et une graisse corporelle élevée réduit le risque de décès cardiaque de 26% (vs une masse musculaire faible et une graisse corporelle faible),
- une masse musculaire élevée et une graisse corporelle faible diminuent leur risque de 60 %.
Les résultats soulignent l'importance de prendre en compte ces différences physiologiques entre les femmes et les hommes lors de l'examen de la composition corporelle et de l’évaluation en regard, du risque de décès par maladie cardiaque. Car, en synthèse,
chez les femmes la graisse corporelle n’est pas forcément néfaste lorsqu’il s’agit de risque cardiaque !
La recherche souligne également la nécessité d'élaborer des lignes directrices adaptées au sexe du patient en ce qui concerne la prévention des maladies cardiovasculaires.
L'étude ne remet néanmoins pas en cause la réduction des graisses corporelles, ni le maintien de la masse musculaire, en tant que facteurs de réduction du risque d’autres maladies chroniques.
Source: Journal of the American Heart Association (JAHA) 23 Feb 2021 DOI : 10.1161/JAHA.120.017511 Sex Differences in the Association of Body Composition and Cardiovascular Mortality
Plus d’études autour des “Paradoxes de l’obésité »