C’est une vraie « percée » dans la lutte contre l’obésité, que l’utilisation de l’édition du génome CRISPR-Cas9 pour cibler les cellules graisseuses. La méthode pourrait non seulement contribuer à accélérer la compréhension des facteurs génétiques de l'obésité mais permettre aussi de corriger les variables de susceptibilité. C’est ce que suggèrent ces travaux d’une équipe de biologistes de l’Université du Michigan qui, à l’aide de la technique d’édition du génome, peut beaucoup plus rapidement identifier, désactiver et évaluer ainsi l’action de gènes clés impliqués dans la graisse blanche et brune et donc dans le développement de l’obésité.
« La graisse est vitale pour la vie », écrivent les auteurs, mais en excès, elle peut entraîner une multitude de problèmes de santé. Étudier le fonctionnement des tissus adipeux dans le corps est une base essentielle pour comprendre et lutter contre l'obésité. Cependant, la distribution des cellules adipeuses dans tout le corps rend la recherche extrêmement complexe. Les cellules adipeuses présentent une caractéristique majeure : « les cellules adipeuses sont différentes des autres cellules en ce qu'elles manquent de récepteurs de surface cellulaire uniques », explique l’auteur principal, Steven Romanelli, cau Département de physiologie moléculaire et intégrative.
CRISP permet d'éteindre et de tester des gènes « suspects » de l'obésité
Ici, l’équipe de recherche exploite CRISPR-Cas9, un outil qui a transformé la recherche en biologie moléculaire, mais jusque-là non utilisé dans l'étude du tissu adipeux . Or l’outil permet de relever un énorme défi, celui du temps considérable nécessaire à l’étude de la fonction d'un gène. Alors que la procédure standard pour développer des modèles de souris consiste à élever ces souris avec la mutation souhaitée, CRISPR-Cas9 a révolutionné ce processus : la technique utilise une enzyme, Cas9, qui peut casser des brins d'ADN ainsi qu’un ARN qui guide l'enzyme Cas9 vers un site spécifique du génome pour livrer un nouveau gène.
- Avec CRISPR-Cas9, l’équipe développe une souris transgénique beaucoup plus rapidement, effectuent plusieurs tests de suppression de gènes, seuls ou en combinaison, afin de mieux comprendre les voies moléculaires en cause dans l’obésité. Parmi ces expériences :
- les chercheurs désactivent le gène UCP1 qui régule le tissu adipeux brun et lui permet de générer de la chaleur ; les souris privées de ce gène parviennent néanmoins à s'adapter et à maintenir leur température corporelle par temps froid, mobilisant d'autres voies impliquées dans l'homéostasie ;
- d’autres gènes sont identifiés comme participant à la production de la « mauvaise » graisse et d’autres voies moléculaires de l’obésité sont identifiées.
Certes ces données restent à la fois expérimentales et parcellaires, mais la technique d’édition du génome promet déjà de pouvoir couper dans la mauvaise graisse.
Source: Journal of Biological Chemistry 11 Nov, 2021 DOI: 10.1016/j.jbc.2021.10140 BAd-CRISPR: Inducible gene knockout in interscapular brown adipose tissue of adult mice
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