Alors que l’obésité progresse, la sédentarité aussi, favorisant, avec le vieillissement des populations, un nouveau fléau épidémique, la sarcopénie, se dessine une nouvelle maladie, l’obésité sarcopénique : Cette équipe chinoise, de l’Université de Tianjin, précise, dans la revue Portal Hypertension and Cyrrhosis, le tableau clinique, les protocoles de prise en charge de la maladie et quelques-unes de ses conséquences bien spécifiques, comme les maladies hépatiques.
L’équipe met en exergue notamment l’impact de l'obésité sarcopénique sur le foie, en raison de la combinaison de la fonte musculaire et de l'accumulation de graisse . Ces effets ne sont pas surprenants mais, en pratique clinique, restent peu recherchés et mal diagnostiqués. La composition corporelle ou la part et la répartition des os, des muscles et des graisses dans le corps fournit des informations vitales sur l'état métabolique et nutritionnel du patient.
- De multiples études ont maintenant défini la sarcopénie -en synthèse une diminution progressive de la masse musculaire squelettique et/ou de la force- et documenté ses effets ;
- quant à l'obésité, définie comme une accumulation excessive de graisse, on ne compte plus les preuves de ses multiples comorbidités.
L'obésité sarcopénique a fait l’objet de moins de recherche.
Définie comme une combinaison de sarcopénie et d'obésité, les mécanismes clés par lesquels la combinaison de la fonte musculaire et de l'accumulation de tissu adipeux conduit à la maladie du foie, restent, entre autres, mal compris. Il n'existe d’ailleurs pas de consensus sur la définition exacte, les critères de diagnostic et la pathogenèse de l'obésité sarcopénique. En l'absence de ces données, il est impossible de déterminer sa prévalence ou encore ses implications cliniques.
L’équipe chinoise, à travers une revue de la littérature existante, précise aujourd’hui le rôle, les facteurs de pathogenèse et de progression, ainsi que les options de traitement de l'obésité sarcopénique.
« La majorité de la littérature considère la sarcopénie et l'obésité comme 2 paramètres pathologiques distincts à évaluer de manière individuelle pour chaque patient. L'absence de définition standard de la maladie conduit à des données de prévalence erronées, à des erreurs de classification des patients, à une absence de pertinence clinique de la stratégie thérapeutique », résume l’auteur principal, le professeur Chao Sun.
- le diagnostic de l'obésité sarcopénique dépend principalement du diagnostic des 2 conditions individuelles et ne dispose pas de critères standardisés ;
- ses conséquences, en particulier sur l’incidence de différentes maladies du foie, dont la stéatose hépatique non alcoolique, l'hépatite virale chronique, la cirrhose du foie et le carcinome hépatocellulaire, restent mal connues par les cliniciens et mal appréciées au plan épidémiologique ;
- si plusieurs voies physiopathologiques sont impliquées dans sa pathogenèse dont la résistance anabolique, la résistance à l'insuline et l'inflammation persistante, ses facteurs et son étiologie restent à définir ;
- son caractère multifactoriel implique une prise en charge sous plusieurs aspects, dont l'amélioration de la force musculaire. Mais pas seulement : il s’agit plus largement d’augmenter la masse musculaire, de réduire l'accumulation excessive de graisses, de traiter les troubles métaboliques et d’apaiser l'inflammation de bas grade associée aux graisses. « Il ne sera possible de développer un cadre thérapeutique qu’en cernant plus précisément ses causes. -Par exemple, en raison de son efficacité, la rifaximine (un antibiotique oral non systémique) pourrait être utilisé dans la prévention et le traitement de l'obésité sarcopénique car le médicament module le microbiome intestinal, permet de contrôler l'inflammation systémique et de réduire la résistance à l'insuline. Cependant, ce n’est qu’un exemple, et une hypothèse.
Finalement, ces experts appellent à de nouvelles recherches qui devraient
« se concentrer sur l'effet synergique de la sarcopénie
dans le cadre d’une obésité, sa définition, ses critères de diagnostic et l’ensemble des voies thérapeutiques possibles pour la conjurer ».
L’obésité sarcopénique devrait donc désormais être considérée par les cliniciens comme par les scientifiques, comme une maladie à part entière, distincte de ses deux composantes, l’obésité et la sarcopénie.
Source: Portal Hypertension and Cyrrhosis 31 May 2022 DOI: 10.1002/poh2.10 Sarcopenic obesity in liver disease: Handling both sides of the penny
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