La masse musculaire fait toute la différence dans cette « redéfinition » de l’obésité, présentée par cette équipe d’endocrinologues du Van Andel Research Institute (Michigan). Les scientifiques redéfinissent ici, dans la revue Nature Metabolism, l'obésité en 2 sous-types majeurs, avec des différences physiologiques et moléculaires, aux causes probablement épigénétiques et qui peuvent avoir des conséquences à vie sur la santé, la maladie et la réponse aux médicaments.
L’étude apporte en effet une compréhension plus nuancée de l'obésité que les définitions actuelles et marque une étape vers des approches plus personnalisées à la fois de diagnostic et de traitement de ce grand fardeau de santé publique. Le rôle de l'épigénétique et le lien entre insuline et obésité sont mieux décryptés.
Alors que près de 2 milliards de personnes dans le monde sont en surpoids et plus de 600 millions souffrent d’obésité, il n’existe toujours pas de protocole pour stratifier les individus en fonction d’étiologies plus précises de leur obésité », souligne le Dr J. Andrew Pospisilik, co-auteur de l'étude. « Nous montrons ici pour la première fois qu'il existe au moins 2 sous-types métaboliques différents d'obésité, chacun avec ses propres caractéristiques physiologiques et moléculaires ».
2 types distincts d'obésité ?
Actuellement, l'obésité est diagnostiquée à l'aide de l'indice de masse corporelle (IMC), un indice corrélé à la graisse corporelle calculé en fonction du poids par rapport à la taille. Cette mesure qui ne tient pas compte des différences biologiques sous-jacentes est imparfaite, soulignent les auteurs.
L’analyse d’une série d'études de laboratoire menées sur des souris modèles ainsi que de données de TwinsUK, une cohorte britannique menée sur le sujet permet d’identifier 2 principaux sous-types métaboliques qui ont des conséquences spécifiques sur le métabolisme.
- un premier sous-type d'obésité est caractérisé par une plus grande masse grasse ;
- le 2è sous-type, par une plus grande masse grasse et une plus faible masse musculaire ; ce deuxième type d'obésité s’avère également associé à une inflammation accrue, ce qui peut augmenter le risque de certains cancers et d'autres maladies ;
- ces 2 sous-types sont observés dans plusieurs études, y compris chez les enfants ;
- le sous-type inflammatoire semble résulter de changements épigénétiques déclenchés par « pur hasard ». Ainsi, des souris génétiquement identiques peuvent atteindre des « tailles » très différentes. Les mêmes conclusions sont observées chez l’Homme, à partir des données de plus de 150 paires de jumeaux ;
- ainsi, chez ces jumeaux, sont relevés les 2 sous-types distincts d'obésité, dont l'un apparaît épigénétiquement « déclenchable » : ses principaux signes comportent une masse grasse et musculaire plus élevées, une inflammation chronique, des niveaux d'insuline élevés et une forte signature épigénétique.
Seulement 30 à 50 % des traits de l’obésité chez l’Homme apparaissent liés à la génétique ou aux influences environnementales. Cela signifie que
« la moitié de ce que nous sommes est gouverné par une variation phénotypique inexpliquée ».
L'étude indique que cette variation phénotypique inexpliquée tient probablement à l'épigénétique, les processus qui régissent quand et dans quelle mesure les instructions de l'ADN sont utilisées.
Cette nouvelle classification constitue une étape importante vers la compréhension de l'impact des différents types d’obésité sur le risque de comorbidités et les réponses possibles au traitement.
Source: Nature Metabolism 12 Sept, 2022 DOI: 10.1038/s42255-022-00629- Independent phenotypic plasticity axes define distinct obesity sub-types