Cette déclaration scientifique rappelle tous les progrès accomplis dans la prise en charge thérapeutique du surpoids et de l’obésité, mais dénonce aussi les écarts importants entre la science de l’obésité et les soins que reçoivent les patients dans la vraie vie. Alors que l’obésité atteint une prévalence de 40 % aux États-Unis – lieu de l’étude- cette déclaration souhaite proposer des options accessibles à tous, qui aident les personnes souffrant d’obésité dans leur vie quotidienne. Ces travaux de l'American Heart Association (AHA) publiés dans la revue Circulation, identifient ainsi à la fois les obstacles au traitement et les améliorations nécessaires pour mieux traduire la science en pratique clinique.
Aux États-Unis, l’obésité dépasse une prévalence de 40 % chez les adultes, et ce taux continue de progresser à une vitesse considérable. Bien que les experts aient beaucoup appris sur les causes de l’obésité et sur l’efficacité des traitements disponibles, ces données ne sont pas toujours mises en œuvre en milieu clinique, ce qui freine les progrès de la lutte contre l’obésité et contre ses comorbidités, les maladies métaboliques et cardiovasculaires.
L’un des auteurs principaux de la déclaration, le Dr Deepika Laddu, chercheur au Arbor Research Collaborative for Health (Michigan) rappelle que « l'obésité est indéniablement un problème de santé publique critique dans le monde, affectant presque tous les groupes de population et mettant à rude épreuve les systèmes de santé. En tant que facteur de risque majeur de maladie cardiaque, l’obésité a considérablement freiné la réduction des taux de maladies cardiaques. Enfin, en dépit de nouvelles options de traitement, des écarts majeurs subsistent entre la recherche sur l’obésité et sa mise en œuvre concrète en pratique clinique ».
Car il existe bien aujourd’hui de nombreuses options
Parmi les traitements efficaces pour perdre du poids, figurent la modification du mode de vie avec la pratique régulière de l’exercice, l’adhésion aux « Life's Essential 8 » de l’AHA pour une santé cardiovasculaire optimale, les nouveaux médicaments anti-obésité, agonistes du GLP-1, tels que le sémaglutide et le tirzépatide, et/ou la chirurgie bariatrique, dont les multiples bénéfices sont aujourd’hui plus que documentés.
Cependant, de nombreux freins subsistent : les coûts des soins, la couverture d’assurance, l’accessibilité des traitements, la sensibilisation des professionnels de la santé et les déterminants sociaux de la santé, notamment la disponibilité et le coût des aliments sains, entraînent des freins et des inégalités d’accès aux soins de l’obésité. Les experts plaident pourtant pour une approche globale ou holistiques de ces soins contre l’obésité, fondée sur des preuves actualisées et une collaboration pluridisciplinaire des professionnels de santé.
Le mode de vie toujours, en première intention : des nombreuses études ont montré qu'une thérapie intensive axée sur le mode de vie est efficace pour perdre du poids. Cependant, les professionnels de la santé proposent plus fréquemment une éducation de santé (ETP) plus générale qu’une prescription précise de pratique ou de programme d’exercice. Plus largement, une étude a révélé que seulement 16 % des professionnels de santé possèdent et transmettent des connaissances pratiques sur les traitements de l’obésité basés sur le mode de vie fondés sur la preuve. Des interventions qui devraient comprendre notamment :
- l’alimentation et la nutrition,
- l’activité physique,
- une thérapie comportementale intensive.
De nouvelles technologies et la télémédecine peuvent également « aider » à modifier le mode de vie ; tout comme des programmes communautaires de gestion du poids qui encouragent aussi un changement de comportement et peuvent ouvrir l'accès aux traitements…
De nouveaux médicaments pour perdre du poids ont maintenant démontré leur efficacité : les agonistes du Glucagon-like peptide-1 (GLP-1), tels que le sémaglutide et le tirzépatide à forte dose, récemment approuvés par l’Agence américaine FDA pour la gestion du poids à long terme sont démontrés comme associés à une perte de poids moyenne de plus de 10 % à 6 mois dans les études cliniques. Cependant, même si la moitié des adultes répondent aux critères d’obésité liés à l’IMC et sont éligibles à ces médicaments, seule une petite proportion y a aujourd’hui accès…
La chirurgie bariatrique a également largement fait ses preuves : au cours des décennies qui ont suivi son introduction, la chirurgie de perte de poids a bénéficié d’immenses progrès en termes d'expertise et de sécurité des procédures, ainsi que d’une meilleure compréhension de tous ses avantages possibles pour la santé. L’examen complet de la littérature sur le sujet met en avant une réduction des risques de maladies cardiovasculaires et de plusieurs autres affections associées à l'obésité, notamment le diabète de type 2 et l'hypertension artérielle. L’un des défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé reste de garantir l’accès à la chirurgie bariatrique aux patients éligibles…
La déclaration décrit des stratégies qui à la fois pourraient relever ces défis et améliorer l'intégration de la recherche sur l'obésité *aux soins cliniques.
La déclaration souligne l'importance et l’urgence d'une approche globale à travers les différents niveaux de soins de santé et de politique publique, ainsi que l'adoption de stratégies réalisables et fondées sur la preuve en pratique clinique. Avec l’objectif d’élargir l’accès aux meilleurs soins à toutes les personnes souffrant de surpoids et d’obésité.
Source: Circulation 20 May, 2024 DOI : 10.1161/CIR.0000000000001221 Implementation of Obesity Science Into Clinical Practice: A Scientific Statement From the American Heart Association