Le sémaglutide réduit aussi la gravité des maladies hépatiques plus courantes chez les personnes vivant avec le VIH, concluent 2 études présentées lors de la Conference 2024 on Retroviruses and Opportunistic Infections (CROI), soutenues par les National Institutes of Health. Ces recherches montrent qu’une injection hebdomadaire de sémaglutide a réduit de 31 %, et en toute sécurité, la quantité de graisse dans le foie de 31 % chez ces participants vivant avec le VIH et atteints de stéatose hépatique- associée à un dysfonctionnement métabolique ou stéatose hépatique non alcoolique.
La stéatose hépatique non alcoolique – qui n'est pas causée par la consommation d'alcool ou une hépatite virale- se caractérise par l'accumulation d'un excès de graisse dans le foie. Au fil du temps, ces dépôts graisseux peuvent provoquer une inflammation et des dommages cellulaires, ainsi que le développement de maladies cardiovasculaires et hépatiques. La stéatose hépatique est également associée à l'obésité, au diabète de type 2 et à d'autres troubles métaboliques. C'est la cause la plus fréquente de maladie hépatique chronique et l'une des principales raisons de greffe de foie.
30 à 40 % des personnes séropositives souffrent de stéatose hépatique non alcoolique, ce qui représente une prévalence légèrement plus élevée qu’en population générale.
Le sémaglutide est un médicament antidiabétique -agoniste du GLP-1- approuvé pour le traitement du diabète de type 2 et également un médicament anti-obésité utilisé pour la perte de poids à long terme.
Il s'agit du premier essai clinique sur les effets sémaglutide sur la sévérité de la stéatose hépatique associée à un dysfonctionnement métabolique chez ce groupe de patients.
L’étude, donc un essai clinique de phase IIb, mené dans le cadre d’un programme mondial de recherche sur le VIH et d'autres maladies infectieuses, ACTG, a regardé précisément les effets du sémaglutide chez des participants séropositifs, avec stéatose hépatique, et dont la charge virale avait été réduite à des niveaux indétectables par un traitement antirétroviral (TARV). Les participants étaient de différents âges, sexes et origines ethniques. Sur les 49 participants, 40 (82 %) étaient traités par des médicaments antirétroviraux hautement efficaces pour supprimer le VIH mais associés à une prise de poids. Les participants se sont auto-injectés du sémaglutide chaque semaine à des doses croissantes jusqu'à ce qu'ils atteignent une dose de 1 milligramme à la 4è semaine. À 24 semaines, les participants, dont la quantité de graisse dans le foie ont été évalués. L’analyse révèle :
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une réduction moyenne de 31 % de la graisse hépatique ;
- une rémission complète de la stéatose hépatique chez 29 % des participants soit la réduction de la graisse hépatique en deçà de 5 % du contenu global du foie ;
- ces participants bénéficient également d’une perte de poids, d’une réduction de la glycémie à jeun, d’une réduction des triglycérides à jeun soit d’avantages similaires déjà documentés avec le sémaglutide chez des personnes non séropositives ;
- le volume du muscle psoas, qui relie le torse au bas du corps a également diminué, mais sans changement significatif dans la fonction physique ;
- enfin, le sémaglutide a été généralement bien toléré avec un profil d'événements indésirables similaire à celui observé avec le médicament chez des personnes sans VIH. Seuls 2 participants ont présenté des événements indésirables plus sévères et ont arrêté l’étude ;
Pris ensemble, ces résultats suggèrent que le sémaglutide est un traitement sûr et efficace contre la stéatose hépatique non alcoolique chez les personnes vivant avec le VIH. Des recherches supplémentaires sont en cours pour comprendre si le sémaglutide entraîne des changements spécifiques, dans les voies immunologiques ou inflammatoires, chez ce groupe de patients.
Enfin, ces conclusions semblent élargir encore le spectre déjà croissant des indications du médicament.
Source: 2024 Conference on Retroviruses and Opportunistic Infections (CROI) 5 March, 2024 Semaglutide reduces severity of common liver disease in people with HIV