Alors que les études se font nombreuses our confirmer l’efficacité de ces nouveaux antidiabétiques, contre l’obésité et le diabète, les agonistes des récepteurs GLP-1, le débat se poursuit sur un inconvénient possible de ces médicaments, lorsqu’ils sont utilisés par des patients subissant une intervention chirurgicale d'urgence : cette équipe de la Stanford University School of Medicine récuse, pour la première fois, dans le JAMA Network, ce risque de complications respiratoires postopératoires.
En juin 2023, l'American Society of Anesthesiologists avait ainsi publié des lignes directrices recommandant de s’abstenir, en préopératoire, d’utiliser des agonistes du GLP-1. Si de telles directives visent à prévenir les complications, soulignent les auteurs, s’abstenir de prendre un traitement par ailleurs documenté comme efficace, peut également entraîner des effets indésirables. De tels inconvénients peuvent être renforcés, dans le cas de analogues du GLP-1, alors que la période d’abstention recommandée est d’1 semaine, que l’utilisation de ces médicaments est croissante, qu’un report d’intervention peut être dramatique.
Un essai randomisé sur la suspension préopératoire des analogues du GLP-1 n’est pas réalisable. C’est pourquoi, l’équipe utilise ici une base de données de réclamations pour évaluer le risque de complications respiratoires postopératoires chez les patients diabétiques prenant des analogues du GLP-1 et ayant subi une intervention chirurgicale d'urgence.
Selon cette étude, l’utilisation préopératoire d'agonistes des récepteurs du glucagon-like peptide-1 (GLP-1) ne serait pas associée à une augmentation du risque, post-opératoire, de complication respiratoire. Des résultats qui appellent même à revoir les directives restreignant l’utilisation de ces antidiabétiques en préopératoire.
L’étude analyse ainsi les données de rapports d’effets indésirables de la base de données commerciale Merative MarketScan, une vaste base nationale regroupant les données de soins de santé d'environ 250 millions de participants, âgés de moins de 65 ans. L’analyse a porté sur les patients atteints de diabète de type 2 et ayant reçu une prescription de GLP-1 et ayant subi une intervention chirurgicale d'urgence entre 2015 et 2021. Étant donné que les patients diabétiques présentent un risque plus élevé de complications respiratoires postopératoires, les résultats du groupe d’intervention ont été comparés à ceux d’un groupe témoin, de patients diabétiques traités par un antidiabétique non GLP-1. Finalement, l’analyse a porté sur les données de 23.679 patients, dont 15 % traités par analogue du GLP-1. L’analyse constate que :
- les patients diabétiques traités par analogues du GLP-1 ont plutôt tendance à être des hommes, à utiliser plusieurs antidiabétiques et à souffrir d'obésité ;
- l’incidence globale des complications respiratoires postopératoires s’élève à 3,5 % chez les participants traités par « GLP-1 » vs 4,0 % chez les témoins ;
- après prise en compte des facteurs de confusion possibles,
aucune différence significative n’est observée dans l'incidence des complications respiratoires postopératoires entre les 2 groupes.
En conclusion, l’étude démontre, sur un large échantillon l’absence d’association entre l’utilisation préopératoire d’analogues du GLP-1 et une augmentation du risque post-opératoire des complications respiratoires. Les chercheurs notent une limite de l’étude, qui n’a pas examiné ce risque chez des patients prenant ces médicaments uniquement pour la perte de poids. Enfin, il s’agit bien d’une étude d’association.
Cependant, étant donné la large base de données utilisée, les auteurs suggèrent de « libéraliser » les directives d’utilisation de ces analogues du GLP-1 en préopératoire.
Source : JAMA Network 22 April, 2024 DOI : 10.1001/jama.2024.5003 Preoperative GLP-1 Receptor Agonist Use and Risk of Postoperative Respiratory Complications