Le cannabis donne faim, et parmi ses indications, figure la perte d'appétit dans certaines maladies chroniques. Cette équipe de de la Washington State University en identifiant les changements cérébraux responsables des effets du cannabis sur l’appétit, élargit encore ses utilisations possibles. Des conclusions présentées au 25è Congrès annuel de la Society for the Study of Ingestive Behavior (SSIB) particulièrement prometteuses pour développer de nouveaux traitements de l'anorexie induite par la maladie dont le cancer, le VIH / sida, certaines maladies cardiaques et métaboliques.
L'usage du cannabis modifie le comportement alimentaire, mais comment? La récente tendance à la légalisation du cannabis à des fins médicales et récréatives a stimulé la recherche sur son potentiel thérapeutique. Les cannabinoïdes, en particulier le delta-9 tétrahydrocannabinol (THC), sont responsables de ses effets psychologiques mais également de cette stimulation de l'appétit. « Nous savons tous que l'usage de cannabis affecte l'appétit, mais cet effet reste mal compris », explique l’auteur principal, Jon Davis, chercheur en neurosciences. « En étudiant l'exposition à la matière végétale du cannabis, la forme la plus largement consommée, nous identifions des événements génétiques et physiologiques qui expliquent cet effet du cannabis sur le comportement alimentaire ».
Des rats submergés de vapeur de cannabis : l’équipe de la Washington State University utilise ici une procédure originale, et submerge des rats de laboratoire avec de la vapeur de cannabis : ce système permet un contrôle précis de la dose d’exposition. L’expérience montre qu’une brève exposition à la vapeur de cannabis « stimule » la prise alimentaire même lorsque les rats ont mangé juste avant l’exposition, ce qui suggère que l'inhalation de cannabis passe les circuits de l’appétit dans le cerveau en mode faim. Ces effets portent sur les hormones de la faim (poussée de ghréline) et sur certaines zones cérébrales impliquées dans la sensation de faim. Dans une petite zone de l'hypothalamus responsable de la détection de la ghréline, le cannabis a modifié l'activité génétique des cellules du cerveau qui réagissent à l'hormone.
L'exposition au cannabis induit de petits repas plus fréquents : l’effet est bien là, chez le rat, mais avec un délai avant que le composé agisse : c’est aussi une indication précieuse sur le mode d’action de la substance. Les chercheurs sont optimistes quant au fait que déchiffrer les façons dont le cannabis agit dans le corps pour modifier l'appétit.
Ces données pourraient conduire à un nouveau traitement ciblé et sans les effets euphorisants, pour l'anorexie induite par la maladie.
Source: SSIB 17 July, 2018 Investigating the Neuroendocrine and Behavioral Controls of Cannabis-Induced Feeding Behavior
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