Il existe en effet une protéine, histone désacétylase 3, ou HDAC3 qui permute le métabolisme sur la combustion des graisses ou bien sur la combustion du glucose, révèle cette étude du Baylor College of Medicine présentée dans la revue Nature Medicine. Mais il y a 3 implications à cette découverte : brûler plus de graisse peut permettre de lutter contre le surpoids et l’obésité, mais brûler plus de graisse et moins de glucose peut aussi mener au diabète, enfin brûler plus de graisse et moins de glucose peut aussi augmenter l'endurance durant l'exercice. Bref, l’étude ouvre la possibilité de promouvoir la combustion de graisse corporelle en augmentant l'activité physique pendant les périodes où les muscles utilisent les lipides, soit la nuit pour nous autres humains. En pratique, ce serait bienvenu de faire une petite promenade après le dîner !
Cette étude, menée chez la souris montre en effet que les muscles de la souris utilisent des glucides comme combustible lorsque les animaux sont éveillés et actifs, et passent aux lipides quand ils dorment. L'équipe montre que la perturbation de ce cycle naturel peut conduire au diabète, mais, étonnamment, peut également améliorer l'endurance durant l'exercice. Le commutateur de cette combustion soit de glucides, soit de lipides est cette molécule HDAC3.
Choisir le bon moment pour bruler la graisse corporelle : la manière dont le muscle utilise le glucose est régulé par son horloge circadienne interne qui anticipe le niveau de son activité pendant la journée et la nuit, explique l'auteur principal Dr. Zheng Sun, professeur adjoint de médecine, diabète, endocrinologie et métabolisme au Baylor : l'horloge circadienne fonctionne en activant et désactivant certains gènes au fur et à mesure que le cycle de 24 heures progresse. HDAC3 est un lien clé entre l'horloge circadienne et l'expression de ces gènes.
Inhiber HDAC pour « doper » l'exercice d'endurance : des souris privées génétiquement de HDAC3 qui courent sur un tapis roulant, montrent une endurance supérieure. La limitation de l'utilisation du glucose entraîne une augmentation de performance dans les exercices d'endurance. C'est la grande découverte de cette étude.
Le risque de diabète : les muscles squelettiques et les muscles volontaires, sont importants dans le contrôle de la glycémie. Ils consomment la plupart du glucose, et s'ils ne sont plus capables d'employer le glucose, alors c'est le risque de développement du diabète. Lorsque les souris mangent, les niveaux de sucre augmentent dans le sang et l'insuline est libérée, ce qui stimule les muscles à prendre et utiliser le glucose comme carburant. Cependant des souris privées de HDAC3, voient leur glycémie augmenter, l'insuline libérée, mais leurs muscles « refusent » de prendre et d'utiliser le glucose. C'est la résistance à l'insuline et le diabète.
Si l'on résume, favoriser l'utilisation des lipides vs glucides par les muscles pourrait augmenter l'endurance durant l'exercice et les inhibiteurs HDAC, une classe de médicaments actuellement testée, pourraient donc permettre cet effet. Cela soulève 2 questions, celle du dopage et, on l'aura compris, celle du risque de diabète. Concrètement, promouvoir naturellement -sans médicament- la combustion de graisse corporelle en augmentant l'activité physique pendant les périodes où les muscles utilisent les lipides, c'est-à-dire la nuit pour nous autres humains, permet de « perdre de la graisse ». Faire un peu d'exercice comme une promenade après le dîner serait donc bienvenu.
19 December 2016 doi:10.1038/nm.4245 Dissociation of muscle insulin sensitivity from exercise endurance in mice by HDAC3 depletion
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