Le principe a déjà été évoqué chez l’Homme, il est ici démontré sur la souris: un mâle obèse et une femelle de poids normal font une fille en surpoids à la naissance ou à l'enfance, à retard de développement mammaire et à risque accru de cancer du sein. Des conclusions, présentées dans les Scientific Reports qui non seulement confirment l'impact de l'obésité paternelle sur le risque de cancer de ses descendants mais décryptent le rôle clé de certains microARNs dans ces modifications épigénétiques, néfastes et héréditaires.
Des recherches de plus en plus nombreuses révèlent des associations entre l'âge du père et un certain nombre de risque de maladies chez l'enfant. Plus largement, une récente étude a montré que le père, comme la mère à une « influence épigénétique » sur la santé de ses enfants : l'étude, publiée dans l'American Journal of Stem Cells, confirme non seulement l'impact de l'âge du père mais aussi de sa consommation d'alcool et d'autres facteurs environnementaux liés à son mode de vie. Ces différents facteurs vont entraîner des altérations épigénétiques qui peuvent aller jusqu'à affecter plusieurs générations. 2 autres études récentes publiées dans Science, menées sur l'animal, montrent comment l'alimentation du père affecte les niveaux de certains petits ARN spécifiques dans son sperme, ce qui peut avoir une incidence sur la régulation des gènes chez sa descendance. Cette nouvelle étude confirme ces miARN comme des signatures épigénétiques, liées à l'obésité paternelle et transmissibles du père à ses filles.
L'obésité semble parfois « une histoire de famille », et le cancer du sein aussi. L'obésité maternelle est depuis longtemps reconnue comme un facteur d'obésité chez l'enfant, ainsi que comme un facteur de risque accru de cancer du sein plus tard dans la vie. De nombreuses études ont porté sur cette influence maternelle, la recherche commence tout juste, à travers la notion d'épigénétique, à s'attaquer à l'influence parternelle. Pourtant:
Le surpoids du papa augmente aussi le risque de cancer chez ces filles. Les chercheurs du Georgetown University Medical Center identifient ici chez la souris mâle modèle d'obésité, ces miARNs qui régulent la signalisation du récepteur de l'insuline, liés à des modifications du poids corporel et à d'autres voies moléculaires -comme la voie de signalisation de l'hypoxie- associées au développement du cancer. Des résultats en accord avec les dernières découvertes chez les humains qui montrent des altérations épigénétiques significatives dans le sperme des hommes obèses de nature à augmenter, chez leur descendance, le développement du tissu mammaire et le risque de cancer.
Le message reste donc inchangé : les femmes et les hommes doivent opter pour un régime alimentaire équilibré, maintenir un poids et un mode de vie sains, non seulement pour leur propre bénéfice mais aussi pour léguer à leurs enfants toutes les chances d'être en bonne santé.
24 June 2016 doi:10.1038/srep28602 Paternal overweight is associated with increased breast cancer risk in daughters in a mouse model
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