Comment l'obésité provoque-t-elle la maladie dans les organes éloignés de ceux où la graisse s'accumule ? Cette étude internationale, présentée à la Réunion annuelle 2016 de la European Society of Human Genetics, nous apporte la démontration, génétique, de ses effets systémiques. L’obésité frappe fort sur notre système digestif, mais pas seulement. Aucun de nos organes n’est épargné, ni même notre cerveau.
Alors que l'obésité est probablement la pandémie mondiale la plus menaçante pour la santé humaine, avec, dans certains pays riches, comme les Etats-Unis, près des deux tiers de la population adulte en surpoids ou obèses, alors qu'elle s'accompagne de comorbidités multiples, chroniques et sévères, comme les maladies cardiaques, les accidents vasculaires cérébraux, le diabète, le cancer ou encore l'arthrose, il est important de comprendre le caractère systémique de ses effets. En comprenant les effets de l'obésité y compris sur des organes qui semblent éloignés des sites du corps où l'excès de graisse s'accumule, on comprend mieux l'enjeu du maintien d'un poids de santé. Cette équipe internationale de scientifiques franchit ici une étape importante vers la compréhension des liens entre l'obésité et ses comorbidités physiquement éloignées.
L'équipe de l'Institut de médecine moléculaire Finlande (FIMM -Helsinki), avec des chercheurs britanniques et américains a étudié la relation entre l'indice de masse corporelle (IMC) et l'expression génique dans 44 différents types de tissus, y compris les tissus difficilement accessibles comme ceux du cerveau et des organes internes. Cela a été possible en recourant aux données d'une base tissus provenant d'autopsies.
L'obésité est vraiment une maladie systémique : les chercheurs identifient ainsi des changements en réponse à l'obésité dans presque tous les tissus étudiés. Ces résultats montrent que l'obésité est vraiment une maladie systémique, et en particulier une maladie inflammatoire systémique. Ensuite, l'obésité entraîne fréquemment des modifications compensatoires de la fonction de 2 types de tissus, le renforcement de l'un venant compenser le dysfonctionnement de l'autre : ex : le tissu adipeux et les glandes surrénales, qui sont 2 organes sécrétant des hormones essentielles au métabolisme, réagissent souvent à des changements de l'IMC de manière diamétralement opposée.
Mode de vie vs obésité : on sait que c'est notre dernier joker, en particulier la pratique d'une activité physique suffisante, mais les chercheurs se disent conscients qu'une pratique de l'exercice physique par l'ensemble de la population est un défi difficile à relever. En identifiant les processus biologiques en cause, il est possible de développer de nouveaux traitements de l'obésité visant des cibles spécifiques aux différents tissus, pour un traitement personnalisé, en fonction de chaque patient et de ses comorbidités.
Le fardeau du surpoids et de l'obésité sur le système digestif : c'est un des points principaux mis en avant par l'étude, qui trouve des liens inquiétants entre les changements d'IMC et les gènes impliqués dans certaines maladies digestives, dont la maladie de Crohn. Une association qui ne signifie pas nécessairement qu'il existe un lien de causalité mais qui confirme les multiples variantes génétiques corrélées à l'IMC. En effet, l'étude identifie un très grand nombre de changements d'expression génique, en particulier dans le tissu adipeux, provoqués par l'augmentation de l'IMC.
Donc une nouvelle compréhension et de nouvelles pistes pour prévenir et traiter les multiples conséquences de l'obésité, mais surtout un message essentiel : l'obésité est une maladie systémique, elle n'épargne aucun de nos organes, ni même notre cerveau…
Source: European Society of Human Genetics Conference 2016 21-May-2016 How does obesity cause disease in organs distant from those where fat accumulates?
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